Wanted Community : bien plus que des groupes Facebook
Notre équipe a eu le plaisir d'interviewer Jérémie Ballarin, co-fondateur de Wanted Community et du Wanted Café. Avant tout connue pour ses groupes de discussion, d'entraide, de vente et de partage sur Facebook, cette communauté porte de belles valeurs que nous partageons. Beaucoup d'entre vous sont membres des groupes Wanted sur Facebook, y parlent, y achètent ou vendent entre particuliers des objets d'occasion, mais Wanted est bien plus que ça ! L'occasion, au travers de cet article, de découvrir une belle histoire de solidarité qui s'écrit en et hors ligne.
Où en est Wanted aujourd'hui ? Entre vos communautés en ligne et vos projets de lieux, quelle est la dynamique générale ?
Concernant les communautés, elles sont toujours autant actives. On a plus de 80 groupes en France et à l’étranger et les deux communautés les plus actives sont toujours celle de Paris (plus de 500 000 membres) et celle de Bordeaux (plus de 170 000 membres). Aujourd’hui sur les communautés, d’autres villes comme Toulouse, Lyon, Marseille et d’autres, commencent également à prendre de l’ampleur. A côté de ça, à l’intérieur des groupes, il y a toujours plein de choses très différentes qui se passent, de la petite entraide du quotidien, aux belles histoires de personnes qui sont en difficulté. Récemment, quelqu’un a retrouvé son père qu’il n’avait pas vu depuis une vingtaine d’années et ce sont les membres de la communauté qui l'ont aidé à le retrouver. C’est un exemple parmi tant d’autres !
Concernant la communauté bordelaise, elle est aussi pas mal animée. Pendant le confinement, plusieurs membres du groupe sont venus au Wanted café car on a décidé de rester ouverts ! On ne fait pas d’emporter, parce que notre carte n’y est pas adaptée, mais on a décidé de cuisiner des plats. On fait 50 plats par jour, 5 fois par semaine, ce qui fait 1000 repas par mois. Pour ça, on propose à des gens de la communauté de venir, également des chefs, et ces plats sont redistribués par des associations (qui sont également membres de la communauté Wanted) aux personnes dans la rue ! On fait ça depuis 3 mois et ça permet au lieu de rester actif.
Aussi, on prévoit l’ouverture du Wanted Café 2 à Paris cette année et on a déjà quelques lieux en tête ! Sachant que ce Wanted Café aura une dimension plus particulière puisqu’on propose aux membres de la communauté d’y investir et d’y avoir des parts pour qu’ils puissent construire le projet avec nous. Pour cela, actuellement on fait une collecte, ça s’appelle du financement participatif. On fait cette démarche sur une plateforme (LITA), spécialisée dans l’investissement. Depuis 1 mois, en termes d’intentions d’investissement, on a dépassé les 300 000€, donc c’est super, surtout pour un lieu qui n’existe pas encore et on a plus de 350 investisseurs ! Et ce qui est génial c’est qu’il y a des gens qui ont donné jusqu’à 15 000€ qui ne sont parfois même pas à Paris !
Votre mission est-elle toujours la même ? A-t-elle été modifiée avec la crise sanitaire ?
Notre mission a été modifiée, dans un sens oui, parce que le lieu n’est plus ouvert au public. On a dû fermer pendant le premier confinement parce que le Wanted café était nouveau, donc je pense qu'on n'était pas encore prêts. Mais pour nous c’était hors de question de ne rien faire pendant le deuxième confinement. Les personnes qui sont dans une situation de grand isolement pendant cette période, c'est encore plus compliqué pour elles parce que ce sont des gens qui sont, soit dans la rue, ou alors qui ont un toit, mais qui sont déjà isolés lorsqu'il y a de l’activité.
Donc nous, l’alimentaire, on le fait notamment via nos lieux, mais en fait tout ça c’est un prétexte, c’est pour créer du lien, c’est pour que ces gens là ne soient pas seuls. C’est pour ça qu’on a un peu modifié notre mode de fonctionnement, normalement ces préparations de plats on les faisait au Wanted café le dimanche soir et on y accueillait des gens. Ils venaient comme au restaurant, des SDF, des réfugiés, des gens seuls, et là aujourd’hui, pour le coup, ce sont les plats qui vont à eux par l’intermédiaire des associations qui sont partenaires depuis très longtemps avec Wanted. Donc quelque part ça a un petit peu changé, mais la vocation et notre mission n’ont fait que se renforcer !
Où en est la solidarité à l'heure du coronavirus ? Avez-vous toujours des histoires et des témoignages aussi touchants qu'avant cette crise ? Comment les bénévoles agissent-ils pour faire avancer les choses ?
Des gens qui sont dans l’isolement, dans la précarité, il y en a depuis très longtemps. Ce n’est pas la covid qui en est spécialement la cause. Je pense que c’est quelque chose qui est mis en lumière aujourd’hui, pendant l’année qui vient de s’écouler, parce que les gens voient que c’est compliqué. Mais nous, des gens qui sont dans l’isolement, qui ne vont pas bien ou qui sont dans la rue, on les a toujours côtoyés et donc on va dire que la crise sanitaire vient mettre en lumière une situation qui existe depuis longtemps, et tant mieux !
On a jamais eu autant de volontaires qui sont venus nous aider au café. Là au café, juste pour vous donner une idée, on a besoin à peu près d’une centaine de personnes tous les mois pour préparer les plats. A côté des chefs et des commis, qui sont des gens du métier, pour que ce soit cadré. On le fait sur la communauté mais on le fait aussi sur un autre groupe Facebook pour que l’organisation soit plus simple. En début de mois, on fait un doodle, on y propose une équipe de 5 personnes par jour et c’est réglé en une demie-heure ! En une demie-heure, il y a 120 personnes inscrites pour venir le soir et faire des plats.
Vous jouissez maintenant d'une renommée nationale. Que cela vous évoque-t-il ? Vous sentez-vous porteurs d'une certaine responsabilité ?
Un peu, oui. Pour nous, il y a un gros enjeu, c’est qu’on se sente tous ensemble, unis sur cette planète, dans cette maison et qu’on puisse la sauver. Alors que si on est tous dos à dos, qu'on n'échange pas entre nous et si on ne fait pas attention aux personnes qui sont les plus faibles, c’est compliqué. Et puis, on est pas du tout dans une vision “aidante” ou “défendante”, à se dire qu’il y a des gens qui ne sont pas bien et qu’il faut les aider, non. Nous on veut que les gens se sentent bien entre eux et ça on l’a toujours porté.
Dans notre café, au même moment, il peut y avoir un sans-abris en train de manger et un chef d’entreprise en train de faire un rendez-vous professionnel. Et ça, pour le coup c’est quelque chose qu’on ne retrouve pas forcément partout et c’est un symbole ! Aujourd’hui on peut créer des activités, parce qu'on n'est pas une association, on est un commerce. Wanted café est une entreprise, et on peut justement entreprendre et créer des projets quels qu’ils soient. Mais nous, dans ce qu’on veut développer, ce serait justement de faire des activités permettant de lier tout le monde et de redonner de la dignité à certains et de l’importance à d’autres. Donc nous, cette vision là on la porte et on a envie, modestement, que ça influence d’autres.
Au début quand on a ouvert le café on nous disait “vous êtes un café associatif, c’est normal que vous fassiez ça” mais non, on est une société, on paie des salariés et on paie des impôts sur la société comme tout le monde. Mais on montre qu’on peut avoir une activité qui a une responsabilité, sociale, sociétale et responsable.
Comment avez-vous vécu 2020 et quelles sont vos attentes pour 2021 ?
Chez Wanted, 2020 ça a été une année très particulière parce que normalement c’était l’année où on devait lancer le café à Paris. Bien sûr, c’est un café-restaurant-bar, et avec la situation sanitaire c’était assez compliqué car il nous était impossible de visiter les lieux.
L’année 2020 c’était aussi celle qui voyait le partenariat avec Facebook se terminer. On devait avoir utilisé les fonds qu’ils nous ont donnés et on s’est retrouvé dans cette année qui aurait pu un peu nous mettre à mal mais finalement ça nous a vraiment renforcé, parce que ce qu’on prône, ça n’a jamais eu autant d’importance que maintenant ! On a jamais eu autant besoin d’être soudés, de se retrouver, d’être ensemble et d’avancer ensemble. 2020 ça a été une année à la fois chamboulante et chamboulée mais qui nous a donné de la force ! Et 2021 pour nous, le fait de pouvoir bientôt ouvrir le lieu à Paris, le fait de réfléchir sur d’autres espaces, c’est encore la suite de l’aventure.
Vous bénéficiez d'un énorme effet de réseau grâce à vos communautés, notamment sur Facebook. Comment valorisez-vous ce réseau au quotidien ?
Aujourd’hui on communique beaucoup plus dans les groupes, alors qu’avant c’est vrai qu’on était un peu dans l’ombre et on se cachait. Mais on a bien fait car c’est comme ça que la communauté a pris de l’importance et que les gens se sont vraiment appropriés le réseau ! Normalement, un projet se monte et c’est ensuite qu’une communauté se crée autour de ce projet. Mais pour Wanted, la communauté existait avant.
Pour la valoriser, depuis le début on a toujours laissé la place et la parole à nos membres, et depuis quelques temps on se sert de la communauté pour embarquer tout le monde et pour dire que chacun, avec sa vision, peut participer. Que ce soit pour des projets volontaires à travers une action, ou en participant à l’investissement du café. Ces communautés portent le projet et c’est important parce qu’elles montrent que la vision qu’on porte est soutenue à différents niveaux, par 1 million de personnes qui sont réunies sur nos groupes !
D'ailleurs, les réseaux sociaux sont souvent diabolisés par les médias, aussi bien sur les thématiques du non-respect de la vie privée que du harcèlement. Quel est votre point de vue là-dessus alors que vous avez réussi à y faire naître des espaces bienveillants ?
Je pense que les réseaux sociaux sont un outil comme un autre, et c’est la façon dont cet outil va être utilisé qui importe. C’est surtout une question d’éducation et de régulation sur ces outils. Ces réseaux comme Facebook et Twitter existent depuis la fin des années 2000. On a tous une pratique très différente et c’est compliqué, notamment pour un système qui est très pyramidal et dans le contrôle, c’est compliqué de laisser la place et la parole à tout le monde. Il y a quelques années, la communication et la parole étaient réservées aux médias, aux instances publiques, aux marques… Aujourd’hui, tout le monde peut parler !
Évidemment que les réseaux sociaux amènent plein de dérives mais nous on souhaite se concentrer sur ce que ça peut faire de beau, et on le voit tous les jours sur nos communautés et même sur d’autres plateformes.
Ça me fait penser au débat lorsque Twitter et d’autres réseaux ont décidé de fermer des comptes, notamment celui de Trump, et ça soulève une question : Est-ce qu’une entreprise privée comme Twitter peut se permettre de couper la parole à certaines personnes et non à d’autres ? C’est cette conception de la liberté d'expression qui est complexe. Cependant, se couper des réseaux sociaux uniquement pour les dérives qu’il y a dessus, c’est juste impossible. Ce sont des outils qui permettent énormément de choses, des mises en liens, des projets, des connexions… pour les retirer.
Alors que vous êtes partenaires d'une énorme entreprise figurant en bonne position dans la liste des leaders mondiaux de la technologie, vos projets phares sont "déconnectés", à l'instar des Wanted Cafés. Comment expliquez-vous cette approche qui peut sembler paradoxale ?
Ce qui a décidé Facebook à nous choisir parmi les fans communautés les plus influentes au monde en 2018, c’est justement qu’on allait sur du positif. C’était le fait de dire que les réseaux sociaux permettent un impact dans la vraie vie. Donc nous on a été très clairs en disant que ce qu’on souhaite c’est se servir de ces communautés pour développer ensuite des espaces physiques afin de faire des choses concrètes et que ça ne reste pas juste “en ligne”.
Et ça, ça été très vite compris, on n’a pas du tout eu besoin de les convaincre. C’est une des principales raisons pour lesquelles Facebook a décidé de nous accompagner, c’est justement parce qu’on a décidé de développer des lieux. L’avenir de Wanted pour nous c’est ça, les communautés c’est le socle bien sûr, mais nous ce qui nous importe ensuite c’est de pouvoir concrétiser les projets.
Vous participez en ce moment au concours de La Fabrique par Aviva. Quel est l'objectif de cette participation ? Comment vous soutenir ?
Le concours de La Fabrique par Aviva a lieu tous les ans et il récompense les projets locaux, utiles et à impacts positifs. Avec Wanted on a été sélectionné par Aviva pour participer à ce concours. Le principe est assez simple, lors de la première partie, les projets doivent obtenir un certain nombre de votes, elle se termine le 9 février et il est possible de voter pour les projets qu’on préfère avec un maximum de 10 votes chacun par projet. A la fin de cette première étape, les projets qui ont récolté le plus grand nombre de votes vont ensuite pouvoir passer à la seconde étape, où ils devront pitcher devant un jury. Suite à cela, il y a une dotation financière pour les projets, prévue par zone géographique. Et c’est après être passés devant les jurys, que les meilleurs seront sélectionnés pour aller en finale à Paris dans le but de remporter la dotation finale.
Bien sûr, pour répondre aux quelques personnes qui peuvent se dire qu’on a gagné 1 million de dollars par Facebook et qu’on est toujours en train de faire des concours (bien que beaucoup comprennent), il faut savoir que les sous que nous ont donné Facebook ne vont pas directement dans nos poches. C’est vraiment pour développer notre projet, développer nos lieux et une dotation comme celle-là nous permettrait d’y voir un peu plus clair sur l’année 2021. Cela nous permettrait de continuer à travailler sur le projet pour ensuite développer nos modèles économiques et pouvoir nous rémunérer nous-mêmes !
Donc pour aider et pour accompagner Wanted, je ne peux que vous encourager à voter pour le projet. Il vous suffit de vous rendre sur la fiche projet de Wanted, de créer un compte en quelques secondes et de nous soutenir avec 10 votes !
Des choses à partager pour cette nouvelle année ? Une petite exclu ?
Pour Paris on a quelques lieux qui sont en shortlist, où on est en train de faire les derniers ajustements pour voir quels sont les lieux les plus pertinents. On a des lieux qui sont très intéressants et on va se positionner assez vite dessus, mais nous mêmes aujourd’hui on ne sait pas dans quelle ville on sera donc on ne peut rien dire par rapport à ça.
Il y a également d’autres espaces qui peuvent être intéressants où on aimerait faire un lieu hybride autour du lien, de la restauration, de la culture, de la permaculture... avec des activités hyper diverses ! Et ça c’est quelque chose qui nous intéresse beaucoup, sur du long terme bien sûr, mais c’est l’étape qu’on aimerait franchir après nos cafés.
Et vous, comment Wanted a changé votre vie ?
Ça l’a complètement changée ! Tout d’abord, parce qu'avant de débuter l'aventure Wanted, j’avais monté ma boîte où je donnais des conseils de communication et j’avais une vie un peu plus “classique” avec moins la conscience des enjeux du lien social. Donc oui, ce projet là, avec les rencontres qu’on a faites, les projets dans lesquels on se lance, les personnes avec lesquelles on discute… ça a tout changé. Que ça soit ma vision sur mon métier, ma vision du monde, mon quotidien… ça a clairement changé ma vie à tous les niveaux !
Wanted est aussi connu pour ses groupes sur Facebook, où sont mutualisés les offres et demandes de chacun. En vue du nombre de personnes et des annonces qui y sont regroupées, n’avez-vous pas peur qu’il en ressorte des arnaques ?
Avec le volume d'interactions conséquent que nous avons sur l'ensemble de nos groupes (18 millions par an), certaines tentatives d'arnaques peuvent effectivement arriver. Mais nous avons une charte stricte (affichage clair du prix, prise de contact en MP avec le vendeur, etc.) et nos modératrices.eurs veillent au grain pour la faire appliquer.
Wanted est aussi connu pour ses groupes sur Facebook, où sont mutualisées les offres et demandes de chacun. En vue du nombre de personnes et des annonces qui y sont regroupées, n’avez-vous pas peur qu’il en ressorte des arnaques ?
Avec le volume d'interactions conséquent que nous avons sur l'ensemble de nos groupes (18 millions par an), certaines tentatives d'arnaques peuvent effectivement arriver. Mais nous avons une charte stricte (affichage clair du prix, prise de contact en MP avec le vendeur, etc.) et nos modératrices.eurs veillent au grain pour la faire appliquer.
Quels conseils donneriez-vous à votre communauté pour acheter et vendre en toute sécurité ?
Il est très important de prendre contact directement avec le vendeur pour se faire une idée concrète de sa bonne foi. Il est primordial de réaliser la vente dans un lieu fréquenté et de confiance. Naturellement, des solutions comme Obvy peuvent sécuriser le paiement et couper court à toutes tentatives d'arnaques.
Où vous trouver et comment vous contacter ?
Sur nos groupes Facebook, sur notre site internet wanted.community, place des Capucins à Bordeaux au Wanted Café et courant 2021, on l’espère, au Wanted Café Paris.